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« Les Suisses ou le bonheur par l’ennui »

18 jan 2009 / in Pensées

 

A la suite d’un petit e-mail de Nicole, nous avons consulté le site du Matin Dimanche depuis notre petite chambre de Khaolak oû nous nous trouvons encore pour quelques jours. En ce demandant comment survivaient nos chers compatriotes sous la neige, le froid, la grisaille et le boulot, il nous est venu une réponse de ce bon vieux journal du dimanche et d’un américain nommé Eric Weiner. Nous n’avons pas lu le livre, nous ne pouvons donc ni le conseiller ni vous en dissuader, par contre nous avons lu avec un sourire au coin des lèvres la recette du bonheur made in Switzerland. Vous y reconnaissez-vous? Ci-après le lien de l’article en question, ou si le lien n’existe plus lisez-le ci-dessous.

Nat

Geneviève Comby – le 17 janvier 2009, 21h32″, Le Matin Dimanche

Les Suisses ou le bonheur par l’ennui

Voyager autour du monde afin de comprendre pourquoi certains peuples sont plus heureux que d’autres: l’Américain Eric Weiner l’a fait. Et il s’est arrêté en Suisse. Une escale qui l’a laissé plutôt perplexe, fasciné par cette satisfaction contenue toute helvétique

 

Arrêter de fumer. Et puis grandir un peu. Peut-être même changer d’air, larguer les amarres, partir loin, sans retour. Ça, c’est pour les incontournables promesses de saison. Partir, pourquoi pas. Mais oû? Et surtout, serait-on vraiment plus heureux ailleurs? C’est la question à laquelle a tenté de répondre Eric Weiner, journaliste autoproclamé «homme le plus grincheux de la planète».

Un îlot de félicité
Après avoir été correspondant en Irak et en Afghanistan, l’Américain a décidé de fuir les bombes, les attentats suicides, le malheur pour sillonner, cette fois-ci, la mappemonde du bonheur. Et comprendre pourquoi certains peuples sont plus heureux que d’autres.

Son amusant périple a donné naissance à un livre, «The Geography Of Bliss». Un drôle de guide de voyage qui traverse, entre autres, l’Islande, le Bhoutan, le Qatar, la Hollande, la Thaïlande et… la Suisse! Eh oui, notre pays caracole régulièrement dans le haut du classement des enquêtes internationales. Un îlot de félicité dans ce monde de brutes. Récemment encore, l’Office fédéral de la statistique rendait public les résultats d’une enquête montrant que les Suisses affichent un degré de satisfaction de 8 sur 10!

Chocolat et toilettes propres
Un cri du coeur qui n’a, a priori, rien d’étonnant si on en croit le «pape» de la science du bonheur, le père de la plus grande base de données au monde consacrée à la question, le sociologue hollandais Ruut Veenhoven. Pour lui, cet état d’esprit ne se mesure peut-être pas au millimètre, mais il est inutile de tergiverser: «Vous pouvez être atteint d’une maladie et ne pas le savoir. Mais vous ne pouvez pas être heureux et ne pas le savoir.»

Alors d’oû vient cette joie que nous affichons effrontément dans les comparaisons internationales? Le Suisse est plutôt riche, certes. Il ingurgite des quantités indécentes de chocolat, bourré comme tout le monde le sait de molécules antistress. Il est fier de la propreté de ses toilettes publiques. Mais ça n’explique pas tout, constate Eric Weiner après s’être frotté aux Helvètes: «Si le bonheur se définit comme l’absence de misère, alors les Suisses ont toutes les raisons d’être heureux. Mais si le bonheur, c’est plus que cela, si le bonheur contient une part de joie, alors le bonheur des Suisses reste un mystère aussi sombre et intense qu’une tablette de chocolat Lindt.»

 

Bonheur et suicide
Notre globe-trotter du bonheur tombe d’entrée dans un abîme de perplexité: peut-on véritablement être si heureux et comptabiliser un des taux de suicide les plus élevé au monde? S’épanouit-on sincèrement en étant réellement aussi ponctuel, rigides et coincés que les stéréotypes véhiculés hors de nos frontières? «Pourquoi dans les populations les plus heureuses, les Suisses se classent-ils toujours avant les Italiens et les Français, deux pays qui débordent de joie de vivre? Bon sang, les Français ont pratiquement inventé la joie de vivre!» s’étonne Weiner. Pas facile pour un Américain de cerner le bonheur made in Switzerland…

Pas découragé pour autant, notre journaliste poursuit son enquête entre Genève, Zurich, Zermatt et Berne. Et finit par lever quelques coins du voile. Ou le croit-il, du moins.

Personne n’ose articuler son salaire en public? Le tabou qui règne autour de l’argent a peut-être en fin de compte un effet positif, note Eric Weiner: décourager les jalousies. La ponctualité et le sérieux briment toute spontanéité? Mais ils génèrent un climat de confiance mutuelle rassurante. Ici, pas d’enthousiasme débridé, mais un bonheur contrôlé, efficace, une patience et une tolérance face à l’ennui qui confine à l’art…!¨

 

Contents mais pas joyeux
Un festival de clichés pour cerner l’essence de ce sentiment de bonheur collectif? Peut-être fallait-il un regard extérieur pour prendre enfin conscience de l’existence d’un état de plénitude qui nous est si particulier. Un état indéfinissable, au point qu’Eric Weiner, au terme de son séjour, se voit contraint d’inventer un mot qui cernerait enfin cette satisfaction intense et contenue: «conjoyment» (en anglais dans le texte) – «Plus fort que le contentement mais moins fort que la joie pure.»

La preuve, pour un Américain, que le bonheur est une notion pour le moins complexe, et que si les Thaïs (qui affichent aussi un honorable indice de satisfaction) sont, eux, décontractés et heureux, on peut aussi être heureux en étant coincé et pointilleux.